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samedi 22 novembre 2014

Le Prince aux yeux noirs.

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C'est un regard de glace qui cache une noirceur profonde. Quiconque se plonge dans ses yeux se retrouve perdu dans une marée noire qui glace le sang. Il porte dans ses yeux un poids mystérieux, ses pupilles sont un trésor de beauté et de secrets. Il a une tenue de Prince, un Prince trop jeune qui a déjà trop supporté la vie. Il aime la richesse, c'est un homme cupide, car il a besoin de se rassurer. L'argent une fois qu'on le possède est une sécurité. Ce Prince n'a pas confiance, ni en lui ni en la vie, il est un Prince solitaire. Tant désiré il ne se laisse plus avoir par l'amour, ces choses sont trop dangereuses. C'est un Prince du désert, il a accordé ses sentiments au climat aride. Ses pensées sont du sable fin qu'il est impossible de saisir. Son regard de jai est sa force et sa faiblesse, et elle l'a tout de suite remarqué. Il y cache tout ses maux mais y puise aussi tout la douceur qu'il possède. C'est un Prince qui n'est généreux qu'avec les personnes chères à son coeur. Il a connu et perdu l'amour, il est un Prince blessé.
Elle l'a rencontré au détour d'un jardin par l'intermédiaire d'une connaissance commune. Ce fut une alchimie qui se créa au fil des jours et des soirées à discuter. Il devenait un confident qui partageait des blessures similaires aux siennes, ils ressentirent le besoin de la présence de l'autre, tels des attrape-rêves tissant une toile protectrice contre l'amour et ses lames empoisonnées. Elle cherchait à comprendre ce Prince. Il était intrigant et attachant. Une habitude naissait entre eux, une relation existait. Mais le Prince restait inaccessible. Parfois, il laissait son coeur parler lors des douces nuits étoilées. Ses yeux se teintaient alors d'une lumière plus claire, la noirceur de son regard devenait plus satinée, prête à s'effacer. La fille espérait chaque soir que le Prince baisserait sa garde de fierté et pourrait lui partager un peu de sa noirceur, que leurs yeux se teintent de la même nuance et que chacun aide l'autre à adoucir son regard. Malheureusement, le Prince ne lui laissait pas l'occasion d'être plus proche, il avait comme une limite d'intimité, elle semblait l'avoir atteinte et plus rien, plus aucunes discussions ne la ferait être plus proche du Prince. De jour en jour, ils s'éloignèrent. Parfois, elle repassait du temps avec lui, chacun ressentait un manque du vide de l'autre mais le Prince restait tout de même enfermé dans son palais, laissant la jeune fille à l'extérieur, ne pouvant le rencontrer que dans le jardin. Elle essayait, elle essayait de le comprendre, elle cherchait des moyens détourné de parvenir chez lui, par diverses portes, des chemins dérobés pour apprendre plus de choses. Plus elle en apprenait de sa part par des chemins indirects, moins elle semblait le comprendre et elle se demandait même si un jour ils reparleront ensemble dans ce jardin, presque main dans la main, comme avant...
Le Prince était blessé, il était triste, il avait besoin de solitude. Il le lui apprit par une missive rédigée de sa main. La lire lui fit mal, elle se sentit idiote, et surtout si inutile. Elle voyait le Prince à sa fenêtre, il descendait parfois la voir, parfois non. Elle ne savait pas quoi faire, elle était démunie. Ses yeux charbonneux lui manquait, elle voulait s'y replonger et chercher la raison et la solution de la situation désagréable où était son Prince. Rien n'y faisait, il s'enfuyait et s'enfermait dans le palais à chaque mots échappés pour le comprendre. Elle avait peur, tellement peur qu'il reste enfermé, renfermé, qu'il n'ouvre plus les portes et souffre en secret, en silence, seul. Voir le Prince roder sans but lui broyait le coeur, elle le voyait de loin, elle se souciait de lui, mais ne pouvait rien faire pour apaiser ses souffrances. Le silence était un nouveau mur entre eux. Alors elle attendait, et en attendant son Prince, elle lui écrivait des missives. Parfois elle les lui envoyait directement, parfois par le biais d'une personne tierce ou d'autres fois elle les jetait... Elle écrivait, et lorsqu'elle pouvait lui parler, elle faisait attention à ne pas blesser le Prince, à être gaie et divertissante, c'était tout ce dont elle était capable.

Et puis un jour, le temps faisant, il ouvrit ses portes et elle put découvrir les secrets du Prince. C'était la première fois qu'il dérogeait à son habitude ferme de ne jamais laisser une personne voir tout cela. Il apprit que de ne pas être le seul à supporter cela, d'avoir une épaule sur laquelle se reposer, une main à serrer, un regard à croiser était bien plus qu'une aide, c'était un réconfort qu'il n'avait jamais connu. Il réalisa qu'en plus de la jeune fille, il était entouré de personnes importantes dans sa vie qui étaient prêtes à supporter le poids de ses maux si il était trop dur pour lui de les supporter.
Il ne changea pas en une nuit, mais le Prince aux yeux noirs ouvrit son coeur et une nouvelle étoile se mit à doucement briller dans son regard, l'étoile de l'espoir d'un avenir moins aride et terne.

mercredi 19 novembre 2014

J'ai encore toute la vie pour faire des erreurs

Ce soir je voudrais vous partager une expérience qui m'a en quelques heures fait beaucoup de bien et m'a beaucoup changée.

Tout d'abord je vais vous présenter le contexte : 

Je suis en première année de majeure en Sciences Politique à l'Université de Montréal. L'année dernière j'étais en première année de baccalauréat en Sciences Politique mais cette année ne s'est pas bien passée, j'ai eu une trop mauvaise moyenne annuelle et j'ai été exclue de ce programme, c'est pourquoi je recommence Sciences Politique mais en majeure. (lexique système universitaire québécois ici)

Pourquoi je suis en Sciences Politique ? Car je ne sais pas ce que je veux faire et que c'est général. Ces questions du "après", du "quoi faire après ça", des "ça te mêne à quoi" ... envahissent ma vie depuis... presque 3 ans, depuis que j'ai trouvé cette voix qui n'était pas si pire et qui me permettait en premier lieu de toucher des domaines qui m'intéressent (sociologie, politique), qui me permettait d'avoir de larges voix de sorties (journalisme, politique, communication...) et aussi, le dernier point mais qui malgré tout compte pas mal, qui me permettait d'être assez assurée de trouve un job pas mal à la sortie, un débouché assez concret donc dans le monde du travail.
Malheureusement je ne suis pas une bosseuse, et donc bosser sans motivation et envie, ça tanne rapidement.
J'ai eu cette petite révélation l'année dernière, ce qui (entre autre choses plus personnelles) m'a fait sombrer et rater mon année. Je n'avais aucun but, aucun objectif, je ne savais pas pourquoi je faisais ça, je trouvais de moins en moins de choses qui me plaisaient dans les cours que je survolais suivais. J'ai donc commencé à me poser de vraies questions sur ma vie, sur mon avenir.
J'étais tout de même engagée à terminer mon cursus de 3 ans de mon bac, même si cette première année avait été rude.
Puis, en plein été en France, je reçois ce mail qui m'indique que je suis exclue du programme. On s'affole, hors de question que je rentre en France, pour quoi faire, pas l'université pour glander, comment rester à Montréal, comment rattraper le coup, est-ce que ça aura une répercussion sur mon parcours ... ? Et puis la solution arrive, je peux m'inscrire en majeure en Sciences Politique, tout va bien, on se calme, et on verra sur place après.

Je me retrouve donc en majeure, ce qui fait qu'après mes deux ans en Science Politique, je dois trouver quoi faire pour ma mineure. Il faut absolument que je trouve tout de suite pour organiser mon avenir, je me dis que je prendrais sociologie, ça complétera bien ma majeure et ça reste cohérent. Je suis rassurée, tout semble bien organiser.

Et puis on reprend les cours, je repasse certains cours de l'année dernière et je me fais le plaisir de prendre un cours de japonais. L'intérêt des études renaît un peu, je vais mieux que l'année dernière, mon environnement est devenu plus sain, tout semble aller pour le mieux.
Malgré tout, la France me manque, je me pose des questions sur mes choix, j'ai des périodes de grosses pertes de motivation (que je n'ai jamais vraiment...), je me culpabilise, je me sens mal.

Puis, je me prend en main. Je vais d'abord voir une psychologue en apprentissage, elle me donne quelques clefs pour mieux m'organiser, je la vois deux fois, elle n'a pas changé ma vie mais elle m'a aidé, ça a fait du bien de parler même en surface de mes problèmes, elle m'a encouragée et c'est pour moi une première étape pour reprendre ma vie en main.
Ensuite, je m'inscris dans un atelier de création littéraire. On est une dizaine, c'est enrichissant, un nouvel environnement complètement décalé de mes études, on écrit, on échange, ça me redonne le goût d'écrire, j'arrive enfin à finir un chapitre de mon roman et je reprends sérieusement motivation pour le continuer.

Et enfin, aujourd'hui, je suis allée à un atelier intitulé "Redéfinir son projet".

Nous étions une petite dizaine, de tout horizons, de tout âges (j'étais la plus jeune avec mes petits 19 ans) et de toutes formations.
Et nous avons commencé par un petit exercice qui consistait à écrire autour du mot "Plaisir" tout les mots qui nous venait, et ensuite lier ces mots avec d'autres en rapport.
Après on devait les mettre dans des catégories et sélectionner ceux qui seraient en accord avec notre projet professionnel/d'étude/de vie.
Suite à cela, nous faisions un constant de cette sélection et nous en discutions.

Nous avons beaucoup discuté et c'était tellement, tellement ... riche !
Je ne vais pas vous dire ce qu'on a dit, mais je vais vous partager ce que j'en retire, car c'est le plus important.

J'ai 19 ans, depuis que j'ai presque 14-15 ans je dois savoir ce que je veux faire, l'entourage nous pose des questions, à l'école on doit avoir une idée car cela va dépendre de notre orientation, quel lycée, quelle filière, pourquoi, pour faire quoi après ... Alors moi, quand j'ai choisi Science Politique, que j'ai découvert cette filière je me suis sentie libérée, je faisais partie de ceux qui savent où ils vont, qui peuvent dire à leur grand-parents ce qu'ils vont faire, à leur professeur quelle filière et pourquoi, je me sentais rassurée.
J'étais convaincue jusqu'à il y a quelques heures qu'il faut absolument savoir ce qu'on veut faire plus tard pour correctement avancer, il faut se projeter loin, dans notre future vie active pour faire les bons choix, les bonnes études et réussir le bon parcours.
Et le fait de ne pas savoir, ne pas avoir ce colis qui m'attendais au bout du chemin avec mon job tout frais comme récompense, ne pas savoir où j'allais, ça me faisait peur. C'est vrai que ça me fait toujours peur, mais différemment, c'est moins violent.
Quand je me suis exprimée lors de l'atelier pour dire que je ne savais pas où j'allais, pourquoi je faisais ça, j'ai failli craquer et pleurer. Oui, pleurer, car ça me tient vraiment à coeur le fait de ne pas savoir, j'ai vraiment vraiment peur de mon avenir.
Mais quand on a 19 ans, on a toute la vie pour se tromper, pour essayer et recommencer.
Ce que j'ai compris c'est que si je ne savais pas ce que je voulais vraiment faire plus tard, ce n'était pas grave, vraiment pas. Pourquoi ? Car tout d'abord, je ne suis pas la seule. Autour de moi il y avait des trentenaires, qui avaient fait 2 baccalauréats totalement différents, commençait une maitrise, se remettait aux études, et aucuns ne savaient ce qu'il voulait faire plus tard.  And so what ? Et bien c'est pas grave, ils ont essayé des choses, ces choses leur on fait réaliser qu'il ne voulait pas faire ceci mais plutôt cela, et ils se sont construit ainsi.
On doit apprendre aussi, et ça c'est vraiment important, qu'on ne perd pas son temps en se trompant. Ce n'est pas parce que plus tard je ne vais pas travailler en Sciences Politique que j'aurais perdu mon temps, je n'ai pas de retard sur mon avenir, si je rentre dans la vie active à 25 ou 30 ans c'est que j'ai du faire des choix pour mon bien, pour savoir ce que je voulais faire. 
Si on n'avait pas fait les choix que l'on a fait, si on avait pas pris les risques que l'on a pris, nous ne serions pas les personnes que nous sommes, nous n'aurions pas rencontré ces amis, ces connaissances, on aurait pas la vie que l'on a. Est-ce qu'on a gâché 2, 3 ans de notre vie à étudier dans un domaine sans lien avec notre métier futur ? Non, car si on l'a fait, on a pu se rendre compte que ce n'était pas pour nous et ainsi se rediriger autre part.
Autre chose, par rapport à l'âge. Je suis en Science Politique car j'avais des réelles motivations pour travailler dans un domaine lié à ça, et puis j'ai grandi, j'ai changé, j'ai découvert des choses, j'ai appris à mieux me connaitre, et c'est en changeant que je me suis posée la question si je voulais vraiment faire cela. Je vais peut-être partir en études Est-Asiatique après, mais peut-être que dans 3, ou 5 ans je sentirais que ce n'est pas ça qui me motive vraiment et je changerais encore. Mais la vie nous change aussi, nos gouts évoluent et c'est normal que nos intérêts aussi.
Ce n'est pas une raison je pense pour s'éparpiller non plus et trop tâtonner, mais il faut se pardonner de ne pas trouver tout de suite ce que l'on veut faire et notre parcours. Certains ont une passion très jeune et l'auront toute leur vie, d'autre la chercheront toute la leur.
Il faut simplement prendre le temps à un moment de se demander, est-ce que je fais quelque chose qui me plait, qu'est-ce que je veux vraiment ? Nous allons travailler pour 35-40 ans pendant notre vie, c'est énorme, et il faut savoir qu'un projet professionnel c'est avant tout un projet de vie.
Il faut apprendre à se connaitre, à devenir plus patient, à accepter de ne pas être sur de soi, et avoir confiance en notre avenir, aussi flou peut-il être.

J'ai eu des moments de gros doutes concernant mon installation à Montréal, mais après avoir eu cet atelier, je me dis que pour rien au monde je ne remplacerais ce choix par un autre. Je me suis construire ainsi, et je vais maintenant apprendre à ne pas râler pour un rien dès que j'ai le mal du pays, je ne vais plus prendre de décision sur le long terme tant que je ne suis pas sure de moi, je me laisse le temps de voir, de savoir ce qu'il me faut.
J'ai 19 ans, j'ai toute la vie pour faire des erreurs, je ne vais pas m'enfermer maintenant dans un projet de vie ficelé, scellé et tout organisé de A à Z.
J'ai foi en moi, en ma vie et pour le moment, je suis fière de mon parcours et surtout, de me reprendre en main après les moments de doutes existentiels très difficiles que j'ai traversé.

Cet article est très long, merci à toi d'avoir lu jusqu'au bout.

mardi 18 novembre 2014

Exercice d'écriture [Thème : Famille + Flan ]

Je fais partie depuis quelques semaines d'un atelier d'écriture proposée par l'université. On s'y entraine à faire des petits exercices pour nous donner le gout d'écrire, nous apprendre des façons de trouver de l'inspiration, ce genre de chose.
La dernière fois nous avons fait un exercice qui a fait que nous devions avoir deux mots sans aucuns rapports et avec ceux-ci nous devions écrire un poème en prose.
Je ne pourrais dire si j'ai réussi l'exercice, mais j'ai bien aimé ce que j'ai pu écrire donc je vous le propose ici.
Mes deux mots étaient : Famille et Flan ! 


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L’hiver est doux. Sa douceur s’échappe de la cuisine de maman, elle fuit de la cheminée et nous enveloppe tous les quatre. C’est l’hiver et nous sommes ensemble. Papa finit de découper la viande, maman arrive avec le gratin et ma sœur et moi humons ces bonnes odeurs. C’est l’hiver mais il ne fait pas froid. La table est nappée de rouge, les sourires sont sur les visages, le vin colore les joues et l’amour lie les cœurs. C’est l’hiver et les repas sont longs, longs et bons. Le flan de maman arrive, il est tout chaud, il est tout beau. Comme deux enfants ma sœur et moi nous nous précipitons, et nous nous régalons. C’est l’hiver, et cet hiver, la neige ne glacera pas nos cœurs.